Aires d’accueil dans la Seine-Saint-Denis (93)

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26 octobre 2020

 

Derrière Paris (où seulement deux aires d’accueil existent) la Seine-Saint-Denis est un des départements les plus denses de France avec près de 7 000 habitantes au km². La Seine-Saint-Denis c’est surtout une histoire qui part très mal en matière d’accueil : par deux fois, en 2003 et en 2013, le schéma d’accueil des gens du voyage est annulé par un tribunal administratif. Les raisons annoncent la couleur : « insuffisance de l’évaluation préalable des besoins et de l’offre existante dans les domaines sociaux et scolaires » ; « adoption d’un critère de répartition des places à réaliser étranger aux objectifs de la loi » ou encore « absence d’aires de grands passages », tout un programme. En Seine-Saint-Denis, 78 % des aires d’accueil sont soumises à des nuisances environnementales, 56 % sont l’objet de relégation.

par William Acker

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Aire d’accueil de Neuilly-Plaisance, 48°51’58”N 2°30’57”E

Située aux frontières communales, l’aire d’accueil est au milieu d’une zone industrielle, elle a pour voisin la déchèterie et le cimetière,
histoire de ne pas changer.

 

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Aire d’accueil de Le Blanc-Mesnil, 48°56’29”N 2°28’39”E

La ville est marquée par une densité urbaine extrêmement forte, rares sont les terrains disponibles. Et cela se remarque puisque l’aire est située à proximité directe d’un quartier résidentiel, ce qui est une exception notable. Cela n’empêche pas la présence de deux critères classiques : l’aire est située aux limites communales, elle jouxte une autoroute, pour être plus exacte la bande d’arrêt d’urgence est à 11,50 mètres de la première caravane. Accueil à vos frais, casque anti-bruit non fourni.

 

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Aire d’accueil de Aulnay-sous-bois, 48°57’47”N 2°28’12”E

Une énième aire de la honte, un lieu de relégation à tout point de vue, la ville ne manque pourtant pas d’espaces, mais c’est certainement le caractère isolé et non valorisable du terrain qui a été ici retenu. 52 minutes de marche seront nécessaires pour atteindre le centre-ville. Tout au nord de la commune, à la limite de la limite communale, entre une bretelle d’autoroute et une décharge gigantesque se trouve l’« aire d’accueil des gens du voyage ». Située en zone industrielle elle fait face à un site Seveso. Aucun être humain ne mérite d’y vivre.

 

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Aire d’accueil de La Courneuve, 48°56’01”N 2°24’08”E

Située sous un échangeur routier de 4 voies, l’aire n’est pas isolée en raison de la densité urbaine de la ville. Elle se situe en face d’un site Seveso.

 

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Aire d’accueil de Aubervilliers, 48°55’24”N 2°22’29”E

Cachée au cœur de la zone industrielle, une aire d’accueil n’a rien à faire dans un tel emplacement. Située à proximité de l’autoroute et des voies de chemin de fer, l’aire est soumise à des nuisances dues aux activités dans la zone.

 

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Aire d’accueil de Drancy, 48°55’47”N 2°26’51”E

Tout un symbole que la position de cette aire, au bord du chemin de fer de Drancy, là même où plusieurs prisonnieres « nomades » furent transférées sous l’Occupation. Le quartier est plutôt calme et propre.

 

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Aire d’accueil de Rosny-sous-bois, 48°52’52”N 2°28’04”E

Seuls dix emplacements sont réservés pour l’accueil, ils sont répartis dans un quartier appelé les Cerisiers et qui est en réalité le résultat d’un plan de sédentarisation. Plus de 50 familles y vivent. Le quartier est en bordure de zone commerciale et ne fait pas l’objet de nuisance particulière.

 

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Aire d’accueil de Tremblay-en-France, 48°59’19”N 2°33’21”E

L’emplacement de cette aire d’accueil est une honte. Provisoire depuis 15 ans, elle se situe à peine à 100 mètres des pistes du plus grand aéroport de France. Ses plus proches voisins sont un funérarium et un cimetière. L’aire est sommaire, il n’y a aucun confort, elle est située juste sous les lignes haute-tension. Les habitantes se plaignent des odeurs d’hydrocarbure générées par les avions, des vibrations tellement puissantes qu’elles font tomber les objets dans les caravanes, des bourdonnements des lignes électriques et surtout des odeurs, en particulier celle de la mort : lorsque le vent se lève, le funérarium empeste.

L’émission de France culture « Les pieds sur terre » (29 septembre 2020) avait diffusé ce témoignage d’Émile, soixante ans, qui vit dans une caravane à l’année sur l’aire de Tremblay-en-France. Aujourd’hui au chômage, il a fait tous les métiers : ferraille, marchés, porte-à-porte... Pendant le confinement, Émile et ses proches ont vécu à dix-sept familles sur ce petit terrain, fait pour en accueillir douze.

Dans le terrain, huit personnes sont tombées malades. Trois cas ont été assez graves dont ma femme (...) Je ne voyais que des malades autour de moi. C’était une catastrophe. On avait peur pour les enfants. On a vécu deux mois d’enfer.