Le dimanche, c’est mon jour de promenade et souvent j’arpente alors les rues de mon quartier de Margareten, à Vienne.
En Autriche, flanieren signifie « déambuler », marcher sans destination particulière. Le dimanche, je deviens donc une « flâneuse ». Sur la carte, j’ai figuré l’un des parcours que j’aime le plus.
En quittant ma maison, je passe devant l’Himalaya Pizza. Le propriétaire de cette pizzeria parle hindi. Il sert toutes sortes de plats, de la pizza aux pâtes, en passant par les pakoras, les beignets de légumes indiens.
En continuant à marcher le long de la Reinprechtsdorfer Straße, je passe devant la devanture d’une fleuriste, Anastasiya Blumen Kreativ. Ici, il y a des sculptures en forme de grandes têtes remplies de plantes et partout des fleurs aux fragrances rafraîchissantes.
De la Reinprechtsdorfer Brücke on voit parfois couler de l’eau dans le « Wienfluss », mais souvent elle dégage une odeur nauséabonde de « canal urbain ».
Le long de la Rechte Wienzeile on trouve de nombreux graffitis. J’ai mes préférés. Ces peintures murales montrent que Vienne n’est pas seulement propre et sobre ! J’aime bien penser qu’ici les artistes de rue se sont activement emparé
es d’un morceau de ville…Le Ali’s Kebap est probablement le seul Späti de Vienne. Les Spätis nous viennent de l’ancienne Allemagne de l’Est : ce sont des magasins où l’on vend de l’alcool et des snacks 24 heures sur 24. Ali sert des canettes de bière fraîche pour 1€. Chez Ali, c’est toujours très animé, surtout en été.
Le Café Rüdigerhof dispose d’un jardin très agréable, que les gens investissent dès l’arrivée du printemps. C’est un lieu vibrant, où domine l’échange social, où l’on respire le bonheur. On y sert de savoureux Schnitzel et le barman est, à sa façon, typiquement viennois, impertinent, direct, maniant l’humour pince-sans-rire, mais plein de charme.
Le dimanche, le Naschmarkt, le marché gastronomique, est fermé, de sorte qu’il y a enfin assez de place pour se promener. Quand les rideaux des stands sont baissés, on découvre soudain de nombreux graffitis. Le Naschmarkt reste ensoleillé très longtemps, même en hiver. Et l’avantage du dimanche, c’est qu’il n’y a presque pas de voitures.
Au bout du Naschmarkt, juste avant le Karlsplatz, je fais demi-tour et je marche le long de la Margaretenstraße où je me lance dans l’opération « lèche-vitrines » en essayant de repérer tout ce qu’il y a de nouveau. J’ai mes magasins et mes bars préférés, même si je n’y entre jamais !
Dans la Margaretenstraße, j’aime passer devant le Bali-Sun, un bâtiment remarquable, entièrement recouvert d’ornements floraux ; il attire vraiment le regard. Il est à la fois exotique et typiquement viennois. Je ne cesse de me demander qui sont les gens qui fréquentent ce lieu de « bronzage ». Est-ce que ce sont les habitant
es du quartier ou des gens prêts à traverser tout Vienne pour venir dans ce studio ?En fin de promenade, je passe devant le bar la Capoeira, qu’on appelle « Brasilianisches Beisl ». La Beisl est une taverne viennoise traditionnelle. Tout en continuant ma route, je me demande ce que cette taverne peut bien avoir de si brésilien… J’aime beaucoup sa baie vitrée ornée de plantes vertes, ses murs couverts de miroirs et, souvent, les effluves de marijuana qui se répandent dans la rue. Avant de rentrer à la maison, je jette parfois un œil à l’intérieur et je vois des gens rire ou danser…
↬ Marlene Hübner