Demain : Habiter la forêt

#imaginaire #cartographie #école #forêt #narration #futurisme #utopie

20 décembre 2018

 

Pour son concours de cartographie imaginaire de 2018, l’association « Cartographier au collège » animée par Olivier Godard et Marie Masson a proposé à des élèves de collège et de primaire d’imaginer comment « habiter la forêt ». Après « La ville de l’avenir » en 2016 et « La ville souterraine » en 2017, les élèves ont dessiné la carte de leur ville « sylvestre » idéale.
Avec l’autorisation des auteures, nous reproduisons ici ces superbes cartes, où l’imaginaire poétique invente des réponses inattendues aux préoccupations écologiques. Chaque élève de 6e et de 5e a écrit son propre commentaire pour bien expliquer sa démarche et son intention.


Collège - Travaux de : Léanne Messager, Lara Guillemin, Solène Reverdy,
Cécile Mantin, Armand Mareine, Madeline Bordais, Mateo Otaegui De Paz,
Timothée Clouet, Clémence Audiau, Louanne Coquereau

Primaire - Travaux de : Lilas Peffau, Quentin Bodet, Pierre Godard,
Camille Bruyère, Hugo Paimparé, Solveig Ruffier, Elias Herbert,
Chine Chevallier, Corentin Maillet, Bastien Goncalves



Élèves de collège

1 -Isla de la Luna

Carte et texte de Léanne Messager, classe de cinquième, Munich.

« Pour faire la légende, j’ai d’abord listé tout ce que je trouvais important d’évoquer dans ma carte. Puis, j’ai fait un tri en éliminant les éléments inutiles.
Histoire : Dans l’histoire de mon île, j’ai rassemblé et expliqué ma légende.
Situation géographique : Pour la situation géographique, je me suis inspirée de cartes que j’ai vues dans la salle de cours. Mais je voulais faire voir autre chose que l’Europe en tant que « centre du monde » (sur les cartes européennes, l’Europe est au centre), et je trouvais que voir le monde de l’autre côté faisait renouveler ses idées, car on n’entend pas souvent parler de terres lointaines. En plus de ça, l’idée de parler l’espagnol et le français sur une même île me plaisait. Je voulais aussi pour mon île un climat agréable, voilà pourquoi j’ai choisi l’équateur.

JPEG - 1.3 Mio
Isla de la Luna
Léanne Messager, classe de cinquième, Munich.

Forme de l’île : J’étais au CDI (centre de documentation et d’information) de l’école avec mes amies et j’ai commencé à dessiner un cercle. Léa m’a dit que c’était une forme ordinaire pour une île et que je devais plutôt la dessiner en forme de lune, d’où son nom, « Isla de la luna ».
Carburant : Pour les transports en commun (bus...), je me suis dite que comme l’île est entourée d’eau salée, ce serait pratique de l’utiliser comme carburant. Puis, j’ai inventé des transports pour aller plus loin : les avions MAO (Mini Avions qui volent comme des Oiseaux). En me rendant au collège le matin, j’avais observé les oiseaux...
Nourriture : Je trouve les élevages d’insectes pratiques car ils ne prennent pas beaucoup de place, on peut les élever sur plusieurs étages, alors que pour un élevage de moutons, par exemple, cela serait plus difficile. De plus, vu que la population n’est pas très nombreuse (il n’y a pas beaucoup de maisons), et qu’il y a aussi un champ cultivable, la nourriture devrait suffire pour tous.
En somme, mon environnement m’a inspirée et mon entourage m’a donné des conseils que j’ai pris en compte pour réaliser cette carte. »


2 - La ville-forêt de Baum en 2113

Carte et texte de Lara Guillemin, classe de cinquième, Montreuil-Juigné.

« Avant de faire ma carte finale, j’ai fait beaucoup de brouillons.

JPEG - 1.5 Mio
La ville-forêt de Baum en 2113
Lara Guillemin, classe de cinquième, Montreuil-Juigné.

J’ai regardé sur le site du concours, qui m’a donné l’idée des immeubles-forêts. En cours de technologie, j’ai appris qu’il y avait des maisons passives. En faisant cette carte, je voulais montrer une ville futuriste, mais en gardant certains éléments du présent, comme la piscine et le parcours d’accrobranche. J’ai choisi d’appeler ma ville « Baum » car ça signifie « arbre » en allemand. »


3 - Paris sous les arbres en 2113

Carte et texte de Solène Reverdy, classe de sixième du lycée Paul Gauguin, Panama.

« En 2013, l’ONU, devant la situation catastrophique de la planète, décidait de la reboiser peu à peu afin que nos petits... petits-enfants puissent connaître un monde meilleur. Ces derniers habiteraient-ils au cœur de la forêt à l’aube de 2113 ?

Lorsque le thème du concours de cartes imaginaires est tombé, je me suis souvenue du projet réalisé l’an dernier en géographie : la maquette de la ville de nos rêves. Le Paris de mon enfance, le Paris que j’aime tant retrouver l’été après une année passée dans la jungle du Panama !

JPEG - 1.9 Mio
Paris sous les arbres en 2113
Solène Reverdy, classe de sixième du lycée Paul Gauguin, Panama.

En classe, nous avons exploré les coutumes de peuples vivant aujourd’hui encore au plus près de la Mère Terre : les Massaï, les Papous ou les Hommes fleurs. Fascinée par ces peuples premiers en harmonie avec la nature, j’ai eu l’idée de métamorphoser mon Paris en une ville verdoyante, de faire disparaître le béton, l’acier et la pierre sous les arbres et les plantes. Qu’aux frontières de la ville jaillissent les fleurs de toutes les couleurs...

Les figures se sont imposées, une architecture écologique et holistique, des énergies renouvelables, du solidaire, du durable... Alors je me suis mise au travail. »


4 - La forêt de Tronçais innove

Carte et texte de Cécile Mantin, classe de cinquième, Paris.

« Avec cette carte j’ai voulu représenter le potentiel d’une forêt qui n’est pas assez connue, à mon avis (la forêt de Tronçais).
J’ai choisi cette forêt parce qu’elle fait partie des plus grandes forêts de France et qu’elle est dans une région que j’apprécie car c’est le berceau de ma famille.

Pour commencer, je me suis documentée sur un sujet que je connaissais mal (la forêt).
Puis j’ai réuni toutes les informations que j’avais recueillies sur un brouillon.
Certaines idées me sont revenues, notamment celle des habitations dans des bulles, découvertes dans un reportage vu à la télé.

JPEG - 889.3 kio
La forêt de Tronçais innove
Cécile Mantin, classe de cinquième, Paris.

J’ai longtemps cherché une représentation exacte de la carte et j’ai fini par en trouver une dans un livre de géographie (La France. Géographie, en deux volumes, 1948 par M. Larmorlette).
Pour finir, j’ai tout mis au propre sur une feuille A3, j’ai dessiné une rose des vents (non sans difficultés), j’ai réécrit ma légende en y associant les signes qui me semblaient les plus adaptés, j’ai dessiné l’échelle et j’ai écrit un petit texte sur les magnifiques chênes de cette forêt qui m’avait tant intriguée au départ. »


5 - Tree City

Carte et texte de Armand Mareine, classe de cinquième, Munich.

« J’ai été inspirée par des reportages sur la protection de l’environnement et des cours de géographie. C’est également avec des cours de sciences de la vie et de la terre (SVT) sur les énergies renouvelables que j’ai pu développer mes idées.

JPEG - 1.2 Mio
Tree City
Armand Mareine, classe de cinquième, Munich.

J’ai aussi voulu intégrer à ma carte des types d’agriculture innovants et respectueux de l’environnement. Pour les transports, j’ai imaginé le « Trans’arbres » qui est, en fait, un mélange de tramway et de métro-câble. J’ai d’abord listé les éléments nécessaires pour chaque fonction de la ville (habitat, commerces, transports, etc.). Je voulais montrer qu’il est possible de vivre avec la nature et de développer l’agriculture en ville. »


6 - L’Amazonie au XXIIe siècle

Carte et texte de Madeline Bordais, classe de cinquième, Montreuil-Juigné.

« J’ai été inspirée par un reportage sur l’Amazonie en géographie. Pour le barrage, je me suis inspirée du cours de physique sur les énergies renouvelables, et pour les immeubles végétaux, il y eu « Imagine Angers » qui m’a aidée. J’ai fait le concours développement durable organisé par le département, cela m’a aussi aidée.

JPEG - 2.1 Mio
L’Amazonie au XXIIe siècle
Madeline Bordais, classe de cinquième, Montreuil-Juigné.

On peut vivre autrement, pas dans un milieu urbain, mais en intégrant la nature. Je pense que dans le futur cela devrait être réalisable. J’ai d’abord listé tous les éléments nécessaires pour une société (habitat, nourriture, etc.). J’ai réfléchi à des emplacements logiques (ex : habitats >>>écoles). La forêt est défrichée pour aménager des zones agricoles, le bois est réutilisé pour la construction des habitations (immeuble vert, maison, etc.) donc, du coup, on n’utilise pas de moyens de transport, et du coup, il n’y a pas d’émission de gaz à effet de serre, il y a donc développement durable. Pour éviter de trop défricher et pour préserver la nature, il y a des potagers sur certains toits de maison ! »


7 - République forestelle de Swazulu

Carte et texte de Mateo Otaegui de Paz, classe de cinquième, Barcelone.

« La première chose que j’ai faite pour commencer le dessin a été de réfléchir à un nom pour mon territoire. J’ai choisi de l’appeler « République Forestale de Swazulu ». J’ai choisi ce nom car, récemment, j’avais lu un livre qui traitait d’un territoire qui s’appelle Swazulu, une zone forestière tropicale très importante dans l’histoire. Alors, quand on nous a dit de faire la carte d’une forêt, j’ai immédiatement pensé à Swazulu.

JPEG - 1.8 Mio
République forestelle de Swazulu
Mateo Otaegui de Paz, classe de cinquième, Barcelone.

Les éléments principaux de la carte, comme le fleuve ou les deux îles, ont été imaginés les uns après les autres. Depuis le début, j’avais clairement l’idée que mon territoire devait avoir un grand fleuve pour nourrir la population, mais les deux îles n’étaient pas prévues. J’ai eu l’idée de les dessiner (les deux îles) quand j’étais en train de tracer le cours du fleuve.
Sans faire exprès, j’ai fait une ligne dans le fleuve, et, à la place de l’effacer, j’ai eu une belle idée : je ferai deux îles !
Après avoir fini de dessiner le fleuve, j’ai fait les villages. Eux, je savais que je les ferai depuis le commencement et je leur ai donné un nom.
Une autre chose improvisée a été de faire des bâtiments avec des fonctions différentes dans la ville, les villages et la forêt.
Une fois que toute la partie urbaine a été terminée, j’ai dessiné, un par un, tous les arbres de la forêt. La plupart sont « normaux », mais il y a aussi quelques arbres avec des facultés spéciales...
C’est comme ça que j’ai fait ma carte. »


8 - Utopéco

Carte et texte de Timothée Clouet, classe de cinquième, Munich.

« Les débats sur le futur de l’humanité et la déforestation m’intéressent beaucoup. C’est pour cela que j’ai eu envie de m’impliquer dans ce projet et de m’interroger sur l’harmonie entre la ville et la forêt.
J’ai tout d’abord réfléchi à une légende avec les catégories nécessaires au fonctionnement d’une ville. J’ai voulu faire une ville accessible et écologique, voilà pourquoi j’ai eu plusieurs idées sur des transports en commun qui n’utilisent pas d’hydrocarbure, ou très peu, en pensant au parc à accrobranche.

JPEG - 1.7 Mio
Utopéco
Timothée Clouet, classe de cinquième, Munich.

Quand j’ai eu fini de rassembler mes idées, j’ai demandé à mon entourage et à ma professeure d’histoire-géographie de me confirmer que mes idées pouvaient bien avoir leur place dans une ville.
J’ai procédé comme ceci pour les autres catégories de la légende (loisirs, éducation, énergie, etc.) et, à la fin, je suis arrivé à une légende plutôt satisfaisante.

Pour l’organisation de la ville, j’ai décidé de la dessiner avec des quartiers plus ou moins riches et des zones industrielles et, en fonction de la richesse des quartiers, j’ai placé des bâtiments comme un hôpital, un commissariat...

J’ai voulu montrer avec ma carte que la situation dans environ 100 ans devrait être semblable à ce qui existe actuellement, mais avec une prise de conscience des problèmes écologiques, par exemple, un reboisement en cours autour de ma ville écologique pour permettre la conservation de la nature et pour garder l’air du globe terrestre plus pur.
Si on ne veut pas subir le réchauffement climatique, qui cause tant de problèmes, il va falloir agir, et vite ! »


9 - Forest town

Carte et texte de Clémence Audiau, classe de sixième, Durtal.

« Pour créer ma carte, j’ai essayé de trouver des idées originales, comme le groupe de maisons dans les troncs.
J’ai voulu montrer une nouvelle vie en forêt, où on n’aurait pas besoin de beaucoup se déplacer, et pour aller d’un endroit à un autre, on prendrait des transports originaux.
Dans cette forêt, on pourrait ne se nourrir qu’avec des produits locaux, en pêchant, en cueillant dans les arbres, en cultivant ou en chassant.
Peu importe où l’on habiterait, on aurait tout à proximité. On pourrait s’amuser en faisant de l’accrobranche ou du sport. »

JPEG - 1004.2 kio
Forest town
Clémence Audiau, classe de sixième, Durtal.

10 - La forêtco city en Australie en 2113

Carte et texte de Louanne Coquereau, classe de sixième, Montreuil-Juigné.

JPEG - 2.1 Mio
La forêtco city en Australie en 2113
Louanne Coquereau, classe de sixième, Montreuil-Juigné.

« Avant de réaliser la carte finale, j’ai fait de nombreux brouillons. Mes idées proviennent de vidéos parlant de la ville de demain et elles viennent aussi de l’exposition « Angers demain ». J’ai voulu montrer une ville verte, où la pollution est minime. Toute la ville repose sur l’écologie. Selon moi cette ville possèderait un maximum de caractéristiques pour lutter contre le réchauffement climatique et, par conséquent, constituerait un projet de développement durable. »


Élèves de primaire

1 -Vêrdurecity

Lilas Peffau, classe de CM2, Gennes.

JPEG - 1.5 Mio
Vêrdurecity
Lilas Peffau, classe de CM2, Gennes.

« Vêrdurecity, la ville où, la nuit venue, des arbres à nid de lucioles éclairent joliment les rues. Qu’il fait bon y flâner... »


2 -Flore-land

Quentin Bodet, classe de CM2, La Suze.

JPEG - 1 Mio
Flore-land
Quentin Bodet, classe de CM2, La Suze.

« À Flore-land, les ressources énergétiques sont renouvelables. Dans le ciel, les colibris géants ont remplacé les avions et on se régale de sirop d’érable récolté sur place... »


3 -La Sylvanie

Pierre Godard, classe de CM1, Chemellier.

JPEG - 1.3 Mio
La Sylvanie
Pierre Godard, classe de CM1, Chemellier.

« Prière de s’éclairer à la lune ! Et interdiction de couper du bois ! Vous êtes à Sylvanie, la ville où la nature a repris tous ses droits... »


4 -Une ville entourée par la nature

Camille Bruyère, classe de CM2, La Suze .

JPEG - 1.4 Mio
Une ville entourée par la nature
Camille Bruyère, classe de CM2, La Suze .

« Ici, on aime la douceur de vivre. La ville et la nature ne font plus qu’une... »


5 -Forêt énergétique

Hugo Paimparé, classe de CM2, Gennes.

JPEG - 1.2 Mio
Forêt énergétique
Hugo Paimparé, CM2, Gennes.

« L’énergie, c’est la vie ! Dans la ville-forêt-énergétique, tout est recyclé ! Et la bicyclette est reine... »


6 -Sylvopolis

Solveig Ruffier, classe de CM2, Paris .

JPEG - 850.2 kio
Sylvopolis
Solveig Ruffier, CM2, Paris.

« Sylvopolis s’est adaptée à la forêt, et non l’inverse ! Ça porte bonheur, comme un trèfle à quatre feuilles... »


7 -Idukimasu

Elias Herbert, classe de CM2, Paris.

JPEG - 2.7 Mio
Idukimasu
Elias Herbert, classe de CM2, Paris.

« Idukimasu, c’est cette ville où les arbres font tout : arbres éducatifs, arbres commerciaux, arbre sacré... Empruntez les passerelles pour les visiter tous... »


8 -Forêtland

Chine Chevallier, classe de CM2, Chemellier.

JPEG - 2.2 Mio
Forêtland
Chine Chevallier, classe de CM2, Chemellier.

« En bois, en liège, en mousse... à Forêtland, les bâtiments sont eux-mêmes un bout de nature... »


9 -Forest City

Corentin Maillet, classe de CM2, Chemellier.

JPEG - 1.1 Mio
Forest City
Corentin Maillet, classe de CM2, Chemellier.

« On se déplace à dos d’animal. On joue au foot dans la cime des arbres. On est à Forest City... »


10 -Écoville

Bastien Goncalves, classe de CM2, Gennes.

JPEG - 2 Mio
Écoville
Bastien Goncalves, classe de CM2, Gennes.

« À Écoville, on a su concilier la technique de pointe et le respect de la nature. Tout ce qui est prélevé sera replanté, et par des machines, s’il vous plaît... »

Le retour à la nature


L’ethnologue cinéaste Jean Rouch, qui a passé sa vie à filmer celle des autres, disait que le seul moyen de préserver l’avenir, c’était de le confier aux enfants... À voir les esquisses de ces écolières et écoliers, véritables « projets de vie forestière », on se dit qu’il avait mille fois raison. On y trouve de la poésie et presque de l’art, on décèle un enthousiasme (contagieux) à créer de nouvelles formes de société, une belle capacité à se projeter dans un univers imaginaire, simplement munies de leur bagage et de leur toute jeune expérience du réel. Ces mondes forestiers inventés sont de jolies métaphores de leur vie quotidienne, revisitée à la lumière de leurs désirs et de leurs rêves.

Toutes ces inventions appartiennent au monde du merveilleux.

Sur « l’Isla de la Luna » nous prendrons des mini-avions avec des ailes d’oiseau et nous nous ferons soigner dans des hôpitaux construits à base de feuilles, nous apprendrons à lire et à écrire dans les écoles de la forêt ;

à « Baum », nous pénètrerons dans le centre commercial par le plafond, sans doute après avoir effectué un parcours d’accrobranche, épreuve obligatoire pour pouvoir accéder au temple de la consommation, et nous rentrerons à la maison en « train à grande vitesse dans les arbres » (TGVA) ;

dans la ville-forêt d’à côté, on nous fera manger des fourmis, des sauterelles et des grillons, mais on ne sait pas si elles seront assaisonnées... C’est dit ! ;

Paris sera enfin équipé de son « train végétal » et la banlieue de son « trans’arbre (métro-câble) » ;

en République forestière du Swazulu (RFS), de la nouveauté : une « zone de justice », un « palais réel » et — signe des temps — les aménageuses et aménageurs n’oublieront pas d’installer en bonne place les... « zones de gaming ! » (les enfants n’oublient jamais ce qui est essentiel) ;

nous ne raterons sous aucun prétexte la ville d’Utopéco, avec ses cinémas en 5D (émotions garanties) et ses bornes de téléportation ;

Idukimasu, c’est la ville-arbre par excellence, où tout se passe en hauteur, à croire que les habitantes ont définitivement quitté le sol... On y trouve des arbres centraux, des arbres commerciaux, des arbres résidentiels et... un arbre « sacré », qui n’est autre que le siège politique et administratif ! Il n’est pourtant dit nulle part que la ville est un royaume, mais le lieu du pouvoir sera bien « sacro-saint ». En tout cas, tout est connecté par « l’Arba-Train » qui circule d’arbre en arbre.

Pour finir de nous convaincre que notre futur sera radieux et progressiste, les enfants ont bien pris soin d’oublier la police et l’armée, les infrastructures de contrôle et de sécurité. Visiblement, dans un univers aussi naturel, nous n’en aurons plus besoin : la société des humaines est devenue mature et sage. Il y a bien, dans l’un des projets, deux commissariats, minuscules et décentrés, mais ce sont sans doute les reliques d’un monde révolu... Des lieux de mémoire en somme. Il en faut parfois, pour se souvenir qu’un jour, il y a longtemps, le pouvoir, sous le prétexte de protéger sa population, en a profité pour l’aliéner.

Ces projets de vie sont appétissants et à portée de main : ne reste plus qu’à réussir notre transition écologique...

↬ Philippe Rekacewicz