La Chine représente quasiment 80 % des saisies de cornes de rhinocéros en Asie entre 2009 et 2013, en dépit d’une législation nationale qui en règlemente strictement le commerce.
Les chiffres collectés par l’organisation internationale de surveillance du commerce de la vie sauvage Traffic indiquent que 30 saisies ont été documentées en Chine durant cette période, représentant 67 cornes pour un poids de 151,93 kilos. Hongkong apparaît comme la principale porte d’entrée de ce commerce vers la Chine.
Les chemins empruntés par ce trafic étaient différents pour chacune des cargaisons saisies. Braconnées en Afrique du Sud, les cornes étaient parfois embarquées dans les ports du Cap (Afrique du Sud) ou de Maputo (Mozambique).
Dans d’autres cas, elles étaient préalablement transportées vers d’autres pays africains, comme le Nigeria, puis exportées par bateau vers la Chine avec une cargaison de bois ou de produits agricoles. D’autres encore étaient envoyées par la poste ou par la mer vers l’Amérique du Nord ou l’Europe, puis réexpédiées par avion vers la Chine.
Cette carte, dessinée par Philippe Rekacewicz à partir d’informations fournies par le centre Oxpeckers de journalisme d’investigation environnementale, montre que le trafic de corne de rhinocéros a une dimension planétaire.
Les enquêtes menées par notre centre montrent que, étant donné l’important nombre de consommateurs potentiels en Chine, et leur pouvoir d’achat de plus en plus important, la croissance prévisible du trafic illicite de cornes à destination de la Chine pourrait aboutir à un désastre pour ce qui reste des populations de rhinocéros en Afrique du Sud.
Fin 2013, deux jeunes journalistes chinois ont rejoint l’équipe d’enquêteurs d’Oxpeckers, avec l’objectif de mettre en lumière les liens mafieux de ce trafic entre l’Afrique et la Chine (cf. Chinese Environmental Journalism Project). Oxpeckers est le premier centre d’investigation africain sur les questions environnementales. Il combine un journalisme d’investigation classique avec des outils d’analyse de données et de cartographie, pour dénoncer les crimes environnementaux et lutter contre le crime organisé dans l’Afrique australe.