Trois estampes - et trois cartes - sont présentées dans ce billet. Elle donnent à voir trois territoires français : le Mont Aigoual (Massif central), du Plateau d’Emparis (départements de l’Isère et des Hautes-Alpes) et les boucles de la Seine en Normandie (autour de Jumièges). Elles sont construites autour des lignes topographiques et des cours d’eau. Les premières indiquent le relief alors que les deuxièmes sont présentés par un cadrage plus large, ce qui permet d’imaginer la morphologie du paysage.
Ces cartes sont réalisées en gravure et imprimées sous presse afin d’obtenir, en plus du tracé, un effet de gaufrage du papier. Les cours d’eau sont ensuite ajoutées à la gouache par pochoir.
Dans les régions de montagne, la topographie interagit avec le dessin du ruissellement de l’eau et questionne le paysage ainsi façonné ; que ce soit autour du Mont Aigoual ou sur le plateau d’Emparis, l’eau emprunte des voies indirectes du lac jusqu’à la vallée. En plaine, comme c’est le cas autour de Jumièges, les extraits de cartes soulignent la falaise de la rive gauche, en regard de la plaine sur la rive droite. C’est une particularité du relief des boucles de la Seine entre Rouen et le Havre. Alors qu’il s’agit d’une zone inondable, l’on trouve néanmoins de nombreux établissements humains.
Le Mont Aigoual, d’où l’Hérault prend sa source, marque la ligne de partage des eaux entre les bassins méditerranéen et atlantique et délimite des paysages très différents de part et d’autre de la crête.
Le relief du Plateau d’Emparis est marqué au Sud par la vallée de la Romanche, située 1 300 mètres en aval. Le plateau est source de nombreux cours d’eau, et de lacs (Meije, Lac Noir). Le relief y est modelé par une multitude de petits cours d’eau qui se frayent des passages, rarement directs, vers la falaise.
Le long des boucles de la Seine entre Rouen et le Havre, les falaises de la rive gauche font face aux espaces d’extension du fleuve dans la plaine de la rive droite, une zone inondable sur laquelle, toutefois, des villages et des bourgs ont été construits, dont Jumièges avec son abbaye. Le choix du cadrage de cette estampe laisse imaginer le dessin des boucles en amont et en aval de Jumièges.
Ces « estampes cartographiques » questionnent la construction du paysage par l’eau. Le processus de réalisation permet des choix de représentations et de détails qui éclairent les particularités topographiques de chaque lieu. Cette série est toujours en cours, d’autres estampes verront le jour dans les prochains mois, toujours construites selon les mêmes principes, toujours autour du paysage façonné par l’eau dans tout ses états.