Le concept de nature a cristallisé une mise à distance du non humain par l’humanité. Cette relation s’exprime selon des rapports de domination ou du moins d’emprise de l’humanité sur les milieux : exploitation, pollution, limitation des pollutions, préservation, gestion, compensation, régénération... Cette mise à distance de la nature est aujourd’hui verrouillée dans nos habitudes de vie, nos façons de penser et de nous projeter. Dans ce contexte, nous parlons alors de transition écologique et sociétale en la déclinant, en la sectorisant : transitions socio-écologique, socio-technique, agro-écologique…
Une transition est un processus par lequel les principes qui régissent un système sont modifiés de façon radicale, entraînant un ensemble de changements concernant autant les valeurs des acteurs que leurs pratiques (Hopkins, 2008). Ce qui est au cœur des transitions ce sont nos façons d’agir, de consommer et plus globalement de vivre ensemble ; mais nos façons de penser sont également à questionner. Une transition est un processus complexe car un système en place est généralement verrouillé par la cohérence, construite au fil du temps, entre les pratiques, les habitudes des acteurs, les valeurs, la réglementation… Lever ces verrous nécessite des actions collectives, construites chemin-faisant dont les fins et les moyens sont reconsidérés chaque fois que nécessaire au cours du processus de transition. La transition relève d’un engagement collectif : si elle reste portée et assumée par des minorités, elle ne produira pas ses effets sur les communs. Comment impulser un tel mouvement ? Comment conduire un tel engagement collectif pour une transition réussie ?
Dans une société structurée par les projets octroyant des moyens pour atteindre des objectifs, la transition s’inscrit, de toute évidence, comme un projet à conduire… La notion de projet véhicule l’idée d’un autre avenir. Beaucoup de projets contemporains semblent, de surcroît, changer d’approche, car nombre d’entre eux sont d’apparence bottom-up ou horizontaux, et relevant de processus démocratiques pour atteindre des finalités écologiques et sociales. Cette évidence mérite pourtant d’être questionnée, voire déconstruite, car la notion de projet véhicule également un outillage méthodologique cristallisant, de manière dominante, une pensée et une action rationnelles et entravant de nombreuses formes d’expression et d’action. Nous allons modestement tenter d’argumenter cette idée à travers une expérience de transition vécue à l’échelle d’une petite ville rurale. Ce texte est donc un témoignage à partir d’une expérience de transition de fond et de forme vécue par un collectif tentant de mettre en place un système agri-alimentaire territorialisé.
Émergence et structuration du collectif de Mirecourt : pour une alimentation saine, locale et créatrice d’emplois
Depuis 2015, autour de Mirecourt (plaine des Vosges), des personnes sont rassemblées autour de plusieurs constats. Le premier porte sur l’agriculture de la plaine vosgienne : elle est très fortement spécialisée dans la production de lait, de viande bovine et de céréales ; cette agriculture fournit des matières premières à faible valeur ajoutée à des industries en partie localisées sur d’autres territoires ; cette agriculture ne nourrit que très marginalement la population locale, car la distribution est majoritairement structurée via des circuits longs (grandes surfaces).
Le second constat porte sur la pauvreté et les fortes difficultés sociales de la population face à la faible offre d’emplois sur le territoire : la question de l’accès à une alimentation de qualité accentue encore les inégalités sociales. Des idées émergent alors : il y a une nécessité à améliorer l’accès à une alimentation locale et biologique pour toutes et tous sur le territoire ; il y a une nécessité à faire de l’agriculture et de l’alimentation un secteur d’emplois important dans un territoire rural en déclin.
Une ambition commune naît : contribuer à ce changement ! Une dynamique de rencontres et d’échanges entre trois organisations du territoire s’amorce autour de leurs projets respectifs : une minorité de paysanINRAE (Institut National de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) dotée d’une ferme expérimentale entièrement convertie à l’AB (agriculture biologique) depuis 2004, qui décident de centrer leur nouveau projet d’unité sur les systèmes agri-alimentaires diversifiés, locaux et durables. À ces trois porteurs s’ajoutent rapidement, grâce à un jeu d’interconnaissances mutuelles, une association d’éducation populaire en milieu rural, un lycée agricole et sa ferme support pédagogique, un institut médico-éducatif (IME), une association d’« intégration » socio-culturelle de personnes allophones, un établissement et service d’aide par le travail (ESAT) et deux associations d’aide alimentaire (Restaurant du Cœur et Secours Populaire).
nes bios, qui souhaitent développer les circuits de commercialisation locaux ; des citoyen nes engagé es dans la création et l’animation d’un café participatif et associatif destiné à développer le lien social au travers d’activités socio-culturelles partagées ; des membres d’une unité de rechercheFortement ancrées dans le territoire, personnellement et professionnellement, les personnes impliquées vont élaborer un projet d’action-recherche financé par la Fondation de France : l’ambition affichée est de construire un système agri-alimentaire pour soutenir une agriculture et une alimentation saines, durables, et créatrices d’emplois sur le territoire de Mirecourt.
L’action et les valeurs comme jalons d’une démarche de coopération et de mise en synergie
Dès les premiers échanges, les partenaires s’accordent sur une ligne directrice : mobiliser les citoyen
nes par l’action et autour de valeurs communes. Il s’agit de trouver différents moyens d’impliquer, de mobiliser les citoyen nes du territoire autour d’une transition écologique et sociale du système alimentaire se résumant en quelques mots clefs : local, court et biologique.Le projet s’appuie alors sur les espaces de mobilisation présents sur le territoire et met en avant les initiatives agricoles et alimentaires existantes qui ouvrent des perspectives d’avenir. Cette entrée par l’action donne une place centrale à différentes formes de participation dans le projet, que ce soit dans la réflexion, l’organisation, ou en venant prêter main forte pour la réalisation des actions. Parmi celles-ci, un jardin partagé et participatif et un point de dépôt mutualisé de produits bios, locaux et de saison sont deux initiatives fondatrices sur le plan du collectif mobilisé et de l’orientation des actions mises en place.
L’action collective contribue à l’instauration de relations de confiance entre les acteurs. Les actions se définissent en faisant et contribuent ainsi à orienter et concrétiser le projet du petit territoire. La mise en place d’une parcelle de légumes de plein champ sur le dispositif expérimental de l’unité de recherche INRAE est révélatrice de cette dynamique que l’on peut qualifier de « petits pas de côté » : des agents de INRAE, des populations de migrants accompagnées par l’association d’intégration, des personnes en situation de handicap psychique de l’ESAT, des enfants de l’IME, des bénéficiaires et des bénévoles de banques alimentaires contribuent chaque année à la culture de ces légumes. Ces chantiers collectifs permettent à chacune des associations de bénéficier de légumes biologiques durant l’année.
Une dégustation collective est réalisée en fin de saison afin d’avoir des retours de ces participants sur les variétés et espèces cultivées et décider des variétés et espèces à mettre en place l’année suivante. Les retours sont variés : rendement, résistance aux maladies, mais aussi goût, facilité de cuisson sous différentes formes (vapeur, frites, purée), facilité de distribution aux bénéficiaires... Alors que la décision des surfaces respectives des variétés de pommes de terre peine à être prise, le cuisinier de l’IME confie ses préférences en cuisine : il prend conscience de l’horizontalité de la conduite de projet lorsqu’il constate que cet avis est structurant pour définir les proportions des différentes variétés pour l’année suivante.
La gouvernance du projet de territoire ne réside alors plus dans un comité de pilotage, mais dans une animation visant à rendre visible et mutualiser ces initiatives (« ces petits pas ») et à faire émerger des synergies entre acteurs pour faire naître de nouvelles initiatives et ainsi coopérer en dessinant, chemin-faisant des envies, finalités et valeurs communes...
L’animation s’est ainsi attachée à révéler et construire les valeurs partagées par le collectif d’actrices et d’acteurs, ainsi qu’à débattre et formaliser une vision commune sur la question agri-alimentaire, à partir des initiatives en place et émergentes. Un travail d’explicitation des motivations des actions existantes ou projetées a permis au collectif d’établir un socle de valeurs partagées bien identifiées et à repréciser la visée commune : « favoriser une alimentation saine, locale, pour toutes et tous, à partir d’une agriculture biologique ».
Tout au long de sa concrétisation, l’animation a aussi consisté à produire un effet miroir pour le collectif en lui donnant à voir sa structuration en train de se faire, à révéler la complémentarité des initiatives et l’importance des actions collectives, à mettre en lumière et organiser les débats autour des désaccords émergents de l’action et des prises de position afin d’identifier les issues et éclairer la trajectoire du projet.
Le projet tire également sa particularité de l’énergie et de la mobilisation de personnes ressources, bénévoles ou professionnelles. Cette mobilisation témoigne de volontés et d’engagements forts pour contribuer à la vie d’un territoire autour d’activités et de finalités porteuses de sens pour elles et pour le collectif. Cette mobilisation explique l’importance accordée aux valeurs concernant l’orientation de la transition, mais aussi concernant les modalités de fonctionnement : la solidarité, la confiance et la coopération sont de première importance pour mener un projet basé sur l’action concertée.
Une transition autonome qui sort des cadres !
Cette transition agri-alimentaire amorcée via les initiatives de Mirecourt sort des cadres de la conduite de projet usuelle qui s’est très majoritairement imposée aux façons de penser dans nos sociétés. Cette hégémonie de la conduite de projet dite « stratégique » (Paturet 2002 ; Piponnier 2010) nous conduit même à douter de la faisabilité des transitions sociétales.
En effet, l’ingénierie de projet nous propose la mise en place d’une organisation temporelle et humaine sur la base d’un objectif à atteindre, décliné en sous-objectifs, sur un pas de temps donné. Le projet consiste alors à mettre en place des moyens afin d’atteindre ces objectifs et sous-objectifs. Ce format se traduit via des structurations de réponse à des appels à projet très répandues : diagnostic de départ devant permettre de définir les objectifs à atteindre, moyens testés dans le projet, mise en calendrier via un diagramme de Gantt et enfin les livrables, qui sont les productions attendues du projet. Ce stéréotype de projet est directement issu de la pensée rationnelle qui est elle-même issue d’une épistémologie des sciences de la nature.
Ainsi, la pensée majoritaire formalise un monde dans lequel les finalités sont définies et dictent les moyens à mettre en œuvre. Ce monde est décrit par l’épistémologie des sciences de la nature selon une posture qui domine nos sociétés et se résume selon ces mots : « mieux comprendre pour mieux transformer… ». Ainsi, les sciences de la nature partent du postulat implicite qu’il convient de mieux connaitre ce qui nous entoure, selon des méthodes scientifiques éprouvées, pour agir de manière plus efficace. Cette posture s’est imposée dans les milieux productifs, et notamment dans le milieu industriel, car elle permet un déploiement efficace selon un modèle organisationnel hiérarchisé, et elle permet une optimisation des moyens de production. Ainsi cette posture est devenue majoritaire et quasi exclusive dans les sciences dites « dures » et elle est aussi très fortement présente dans les sciences sociales.
La transition engagée sur Mirecourt repose sur trois postulats d’un autre ordre : la transition sociétale nécessite une forte implication citoyenne, l’engagement citoyen repose sur la capacité à participer à la définition d’un futur, l’engagement citoyen sera facilité par la diversité des modalités d’engagement. Sur la base de ces postulats, comment définir a priori des objectifs et des moyens ? Comment définir un territoire ? Comment donner un statut à la connaissance et aux savoirs de tous les participants ? Ces définitions, ces connaissances émergeront et seront battues et rebattues via la transition.
Si cette transition convient aux citoyen
nes participant à l’expérimentation y voyant essentiellement une démarche très concrète, porteuse de changements, elle conduit en revanche à une mise en tension au sein des sphères politiques, scientifiques et plus largement au sein des sphères usuellement dirigeantes. Les rapports de pouvoir et de savoir y sont en effet fortement questionnés. Coopération/émergence et pouvoir/savoir ne font pas bon ménage et les tensions se résument en cinq questions : qui dirige ? qui porte la responsabilité ? qui sait ? est-on sûr de faire les bons choix ? où va-t-on ?La transition agri-alimentaire engagée à Mirecourt construit une autonomie politique de la transition. En fédérant par l’action, une nouvelle organisation se structure autour d’initiatives faisant sens : les personnes coopèrent et se confrontent autour de ces actions. Une gouvernance se met en place à travers les décisions que le groupe doit prendre pour que l’action perdure, se réitère, se renouvelle, s’améliore, se développe. Ces décisions reposent sur les citoyen
nes impliqué es, mobilisant leur lecture, leur expérience et leur connaissance de la situation.Du côté des scientifiques, la participation à ce projet révèle, chez certain
es, la difficulté à se départir d’une épistémologie des sciences de la nature. Par exemple, la volonté de réaliser des diagnostics de territoire devient central pour eux/elles : quelle est l’offre et quelle est la demande en produits alimentaires bio, locaux sur le territoire ? Bien que ces diagnostics donnent un nouvel éclairage sur le territoire, nous leur adressons 3 critiques. Tout d’abord, ils reposent sur des hypothèses erronées car la transition agri-alimentaire vers le bio, le local accessible pour toutes et tous ne repose pas sur une logique d’offre et de demande, d’économie de marché, mais sur la création d’initiatives permettant de produire des produits accessibles à toutes et tous : de manière plus générique, le diagnostic repose sur l’hypothèse que les modalités d’action resteront inscrites dans un cadre préexistant sur le territoire. Ensuite, ce diagnostic ne répond pas à l’urgence de la transition en souhaitant mieux connaitre avant d’engager une quelconque forme d’action : la tâche étant sans limites, on multiplie les études diagnostic pendant que l’ancien monde perdure. Enfin, il positionne la science en « sachant » face à une population impliquée qui aurait besoin d’être éclairée : pourtant en s’impliquant, les citoyen nes viennent avec leur savoir, ils le partagent ce qui oriente l’action et la positionne dans le territoire.Du côté politique, cette prise d’autonomie est problématique pour les pouvoirs locaux en place. Tout d’abord, elle ne répond pas à une structuration permettant d’identifier un personnage fort, garant de l’ensemble de la démarche : ceci rend la démarche « illisible » pour ces défenseurs d’un pouvoir centralisé. Ensuite, cette transition est vécue comme une prise de pouvoir se substituant à leurs propres initiatives et enfin cette transition ne répond pas à un territorialisation d’administration politique : toute personne souhaitant s’impliquer est la bienvenue quelle que soit sa commune d’origine et c’est par l’implication que se définit le territoire de la transition agri-alimentaire centré sur la petite ville de Mirecourt.
Sur le plan opérationnel, la Fondation de France, au travers de son appel à projet portant sur les transitions alimentaires a soutenu cette structuration de projet basée sur la coopération et l’émergence. Ces modalités de transition, transformant nos sociétés et objet d’analyse chemin faisant, sont des objets de science en action producteurs de transformations et de connaissances : malheureusement ils entrent trop peu souvent dans les cadres de pensées des appels à projet, structurés selon des approches rationalisantes de l’action. Intra-transition, la coopération peut parfois laisser la place à une compétition inter-acteurs lorsqu’il s’agit de lever des fonds : concernant la démarche de Mirecourt, lorsque cette situation s’est présentée, elle a été prise en charge par l’animation afin de la poser, de l’analyser et de trouver une issue via l’explicitation d’une position majoritaire.
Ainsi, ce témoignage plaide pour la nécessité de nous ouvrir collectivement à des transitions sociétales basées sur l’action, et la créativité qu’elle amène, et les valeurs de coopération et de confiance. La marche est haute pour nos institutions et pour nous-même : il convient de sortir de nos schémas de pensée afin de fonctionner différemment, non plus pour penser le monde de demain, mais pour agir en pensant le monde de demain. Notre rapport à la nature n’en sortira probablement pas transformé. Mais nous aurons acquis une réflexivité sur les liens entre cadres de pensée, cadres d’action et valeurs : ceci nous ouvrira peut-être des portes permettant d’accéder, dans le futur, à l’idée qu’un rapport à la nature renouvelé repose sur l’humilité. Un nouveau chamboulement en perspective pour les hommes, les femmes et leurs institutions !
Initiative locale, rayonnement régional
L’objectif de ce projet est de parvenir à une alimentation saine, durable et créatrice d’emplois (ASCE) en proposant un fonctionnement social et économique un peu différent. Les initiatives impliquent divers actrices et acteurs au sein d’un réseau qui s’est renforcé au fil du temps, a rayonné dans la région et fait naître des activités participatives inédites.
Le noyau dur, porteur des initiatives, est constitué d’associations (La vie Ensemble, les cafés UTOPIC et BioZiQ, les Restos du cœur, le Secours populaire, les Foyers Ruraux des Vosges), d’institutions (INRA ASTER-Mirecourt, Institut Médico-Éducatif, Lycée Agricole), de représentant es politiques (Pôle Équilibre Territorial et Rural de l’Ouest Vosgiens) et d’une entreprise privée (Société Coopérative d’Intérêts Collectifs Citéomix).
Autour de ce noyau s’est créé un réseau dense, essentiellement par le biais d’ateliers de travail, ouverts à toutes et tous, où étaient rappelées les finalités du projet : montrer le bien-fondé et la pertinence d’une réhabilitation et consolidation des communs. Les ateliers ont été les pouponnières de multiples initiatives.
Tout un travail de communication et de sensibilisation a fait connaître ces initiatives aux habitantCCMD, les chercheuses et chercheurs de l’INRAE, les enseignant es des lycées et le public intéressé.
es de la commune : publication d’une lettre mensuelle d’information (« Même pois chiche »), concours de dessin organisé dans les écoles, collèges, lycées et centres de loisir, festival AlimenTERRE sur le thème du « bien vivre », qui s’est déroulé dans divers lieux de la ville (hôpital psychiatrique, cinéma « le Rio »), rencontres entre les élu es de laL’INRA ASTER-Mirecourt, l’association « La vie Ensemble » (qui travaille à l’intégration des personnes migrantes), l’ESAT (animatrices et travailleurs handicapés), les Restos du cœur, le Secours populaire et l’IME (son personnel – éducatrices et éducateurs, cuisinières et cuisiniers – et ses enfants handicapé es) ont mis en place deux parcelles de légumes de plein champs, créant ainsi un « objet de travail partagé ». Ces légumes biologiques ont été donnés aux personnes bénéficiaires de l’association « La vie ensemble » et aux banques alimentaires, mais aussi vendus aux cantines de l’IME, aux maraîchers bios locaux et à l’atelier maraîcher et horticole de l’ESAT. Les fermes locales peuvent ainsi conserver leur surfaces pour des cultures nécessitant moins de mécanisation. Des repas bios et locaux sont proposés dans les cantines collectives de toute la région, la CUMA des Forges près d’Épinal approvisionnant les accueils de loisirs.
L’INRAE a aussi lancé un atelier d’élevage de cochons bio : le porc reprend ici son rôle de « recycleur » des coproduits de la culture et de l’élevage laitier biologique. Cette initiative a stimulé la création d’un circuit local de commercialisation de viande biologique, notamment avec la boucherie charcuterie « Ferdinand » à Vittel. Cet élevage a également mis en évidence la difficulté d’approvisionnement en porcelets biologiques localement : Michel Husson, éleveur laitier biologique près de Frenelle, a ainsi lancé un atelier naisseur de porcs afin de combler ce manque et ouvrir des possibilités de développement du porc bio local.
Un groupe d’agriculteurs produisant un lait bio de qualité supérieure (« Lait de foin ») s’est joint au projet, qui rayonne à présent sur trois départements : les Vosges (Lamarche, Relange et Pont les Bonfays), la Meurthe et la Haute-Marne. À terme, la dynamique pourrait s’étendre à la production de fromages locaux.
Un peu comme un symbole de la dynamique de la transition à l’œuvre à Mirecourt, les jardins familiaux et partagés rassemblent les porteuses et porteurs du projet, les bénévoles et les enfants des écoles primaires et des lycées.
↬ Xavier Coquil, Fabienne Barataud, Romain Fèche
Bibliographie
Rob Hopkins, The Transition Handbook. From Oil Dependency to Local Resilience, Chelsea Green Publishing, 2008, 320 p.
Jean-Bernard Paturet, « Le projet comme "fiction commune" » dans Empan, n° 45 (1), 2002, p. 63-68.
Anne Piponnier, « Le projet : un dispositif de contrôle du territoire dans une société sans risques ? » dans Réfractions, n° 21, 2010, p. 109-114.
Vidéo
Vous pouvez visionner ici un petit film réalisé par Romain Fèche sur l’expérimentation de Mirecourt :