En août 2008, le Bureau du recensement américain publiait des projections d’évolution démographique, lesquelles montraient pour la première fois que la population dite « blanche non hispanique » des États-Unis passerait sous la barre des 50 % en 2042, et deviendrait alors... minoritaire.
Ces changements dans la composition de la population seraient donc plus rapides qu’intialement prévu, puisque les estimations publiées quatre ans plus tôt (et disponibles sur le site Internet de l’agence gouvernementale) montraient un basculement en 2050, soit un décalage de huit ans par rapport à la nouvelle estimation.
La population blanche non hispanique, qui représentait en 2008 environ 65 % de la population, ne sera plus que de 46 % en 2050. La population noire passerait de 12 % en 2008 à 15 % en 2050, et la population d’origine asiatique de 5 % en 2008 à 10 % en 2050. La progression la plus spectaculaire est celle de la population d’origine hispanique, qui passerait de 15 % à 30 %.
La population des États-Unis était en 2008 d’environ 305 millions d’habitants et, selon ces projections, aurait atteint un peu moins de 400 millions de personnes en 2050. Elle « devait » considérablement vieillir, puisqu’on estimait alors que les plus de 65 ans passeraient de 12 % aujourd’hui à 20 % en 2050, soit de 40 millions à 90 millions !
En mars 2015, le bureau du recensement a publié de nouvelles projections qui couvrent la période 2014-2060 et qui rectifient légèrement celles parues en 2008 : en 2015 la population américaine totale est de 321 millions et atteindrait 417 millions en 2060. Si les tendances se poursuivent (déclin sensible de la fertilité et déclin léger de l’apport migratoire), l’accroissement de la population devrait ralentir.
Selon ces projections (2015), c’est en 2044 que la « majorité blanche » non-hispanique représentera 50 % de la population totale, pour devenir ensuite une « majorité-minorité » — puisque la définition du concept de « minorité » dans les rapports du bureau du recensement américain recouvre « tous les groupes autres que les blancs non-hispaniques ». Cette « majorité-minorité » blanche non-hispanique ne représenterait plus alors que 44 % en 2060... La population hispanique passerait de 17 % à 28 %, la population asiatique toujours de 5 % à 9 % tandis que la population noire resterait à peu près stable, de 12 % à 13 %.
Ce qui fera la différence, c’est l’immigration — qui reste importante — et les taux de natalité plus forts au sein des minorités. La population américaine est de plus en plus diverse, mais les communautés restent relativement peu mélangées : peu de mariages mixtes.
Et une étonnante concentration de la distribution géographique de la population par origine, ce qui met à mal l’image trop souvent véhiculée d’une Amérique du melting-pot : ce mythe de la fusion des populations ne résiste pas à l’analyse géographique et statistique.