La valise et son artiste partent en voyage...

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1er octobre 2014

 

Rencontre furtive avec un artiste français en mouvement dans les Pays baltes

par Philippe Rekacewicz

Nous l’avions raté lorsqu’il est passé en Norvège, pas trop loin de notre fjord. Entre temps, il a parcouru le pays du Sud au Nord jusqu’à Tromsø et s’est même offert une escapade jusqu’à Svalbard, puis il est redescendu vers le Sud de la Finlande.

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Dans le parc Vermanis à Rīga, un artiste avec une petite valise blanche dessine à la pointe bic, septembre 2014

En cette fin du mois de septembre, un petit soleil frais ravive un peu les couleurs du parc Vermanis au centre de Rīga, la capitale de la Lettonie. Sur un petit banc gris, en face de la statue d’un lion avec lequel les derniers touristes de la saison se font photographier, il dessine à la pointe bic et au feutre les œuvres qu’il vendra ou offrira au public, ou aux galeries d’art qui le recevront ou le recueilleront. Je dis « offrira », car c’est le public qui fixe le prix de ses œuvres, et qu’il reçoive 1 ou 20 euros, il sera de toutes façons heureux.

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Le visage de l’homme avec un œil blanc

Voici donc Thomas Philibert, un artiste mélancomique, comme il se définit lui-même, originaire de Gaillac dans le sud de la France :

Je viens du monde du graffiti si on parle de mon origine artistique, mais en fait, je suis éducateur spécialisé. Un jour, je me suis perdu dans le grenier de chez mes parents et j’ai trouvé tout un tas de vieilleries, ce qu’habituellement on jette sans émotion ou sans nostalgie. Puis j’ai trouvé cette valise, qui ne devait plus servir à rien ni à personne, et j’ai pensé qu’elle pouvait servir de vecteur artistique pour un projet de déplacement : elle pouvait très bien m’emmener là où “elle seule pourrait me mener”.

Et Thomas Philibert de faire ses bagages, de préparer « sa valise » et de partir sur les chemins de l’art, à la rencontre des gens qui aiment l’art... Son concept est simple et beau : il ne fait pas la manche, il ne demande pas d’argent, il va créer en permanence des œuvres d’art qu’il va vendre pour pouvoir poursuivre son voyage. Thomas Philibert est dans l’échange.

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La main bleue

A Tromsø, il a la chance de vendre une œuvre suffisamment cher à une galerie pour pouvoir s’offrir le billet d’avion vers Svalbard, où il visitera la ville magique de Pyramiden, ancienne ville minière soviétique devenue fantôme et sur laquelle l’écrivain norvégien Kjartan Fløgstad a écrit un livre merveilleux.

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Tapis de pellicules, popstars et héros soviétiques à Pyramiden, Svalbard, Norvège

Thomas Philibert explique d’une voix douce le plaisir de l’échange et de la découverte. Des paysages, d’autres artistes. Il crée avec tout et rien, avec des matériaux qu’il trouve sur place. Un bout de carton, un vieux cadre, du papier en couleur ou des cartes postales : tout est prétexte pour les montages, les collages, le dessin ou les découpages.

Il a disposé sa valise, quelques œuvres sur le banc et sur le sol, à hauteur des enfants qui se régalent d’avoir enfin le droit de toucher, de plier ou de tordre un peu de cet art éphémère. Mais heureusement, avant de s’en séparer, il référence ses œuvres ici. Avec un peu de poésie dans les titres : « Seul peut s’écrire au pluriel ; Je rêve ; Thomas me brade pour 5 Euros ».

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Installation artistique dans le parc Vermanis, Rīga, septembre 2014

À la fin de notre discussion, il roule une petite, toute petite cigarette qu’il allume en se réjouissant du bel accueil que lui ont fait les artistes lettons. Il restera le temps de son inspiration, et reprendra la route quand il aura fini de prendre le temps...

Je repartirai bientôt, j’aimerai beaucoup rejoindre la Bulgarie, la Grèce et la Turquie. Mais il faudra que je redessine ma carte : celle que j’ai utilisée ne va pas assez loin...

À consulter : la valise

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L’homme rouge