À la recherche du Rivage des Syrtes

30 novembre 2012

 

Le chef d’œuvre de Julien Gracq à l’épreuve de la géographie

Par Philippe Arnaud

Le bandeau est un détail du tableau « La tour rouge » (1913) de Giorgio de Chirico (1888-1978).
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Le Rivage des Syrtes, écrit par Julien Gracq et publié en 1951, relate l’histoire, à une époque indéterminée, d’un « observateur » (il faut comprendre que c’est un espion), Aldo, au service d’un Etat fictif, la Seigneurie d’Orsenna, en poste le long d’une mer riveraine [1].

La mer des Syrtes sépare la Seigneurie d’un Etat lointain, le Farghestan, vis-à-vis duquel elle se trouve dans une situation équivoque. Bien que les deux Etats ne se soient pas affrontés depuis des siècles, leurs dernières relations, qui furent belliqueuses, n’ont jamais débouché sur un traité de paix. Et depuis, les anciens adversaires laissent planer une ambiguïté menaçante sur la nature de leurs rapports. On pressent qu’il ne suffirait que d’une maladresse, que d’une provocation, pour que l’hostilité latente se transforme en hostilité ouverte.

Et c’est ce qui advient : Aldo, aiguillonné par la curiosité, poussé par la tentation, franchit la frontière maritime et se risque jusqu’au port de la capitale… où il est reçu à coups de canon. Le roman se termine sur cet événement qui, on l’apprend par la suite, débouche sur une guerre au cours de laquelle sombrera la Seigneurie.

Bien entendu, Le Rivage des Syrtes, ce n’est pas seulement cela. C’est aussi une écriture somptueuse. Un roman de l’attente. Un roman dans l’atmosphère du temps, sa publication n’ayant suivi que de quelques années la traduction, en français, de celle du Désert des Tartares, de Dino Buzzati, auquel on l’a parfois — mais à tort — apparenté.

C’est par pure fantaisie que nous nous demanderons où pourrait bien se situer cette mystérieuse Seigneurie… ou bien à quelles sources l’auteur, historien et géographe de formation et de métier, est allé puiser les cadres de son roman.

La Seigneurie d’Orsenna évoque d’abord l’Italie

Tout d’abord, par ses noms (San Domenico, Zenta, p. 555), mais également par ses prénoms (Orlando, p. 559),… et plus encore lorsqu’il est fait mention à la Sérénissime République de Venise, par exemple :

P. 555 : « la maison des champs au bord de la Zenta ».

À quoi fait penser ce nom ? À l’Adda, fleuve de Lombardie de la rive gauche du Pô. Ou à la Brenta, fleuve des Dolomites, qui se jette dans l’Adriatique, près de Chioggia, donc près de Venise, après avoir traversé la Vénétie, ce qui confirme le cadre italianisant suggéré au début.

Ou bien :

P. 555 : « les bénéfices fabuleux de son commerce avec l’Orient ».

Allusion supplémentaire au commerce vénitien avec le Proche et le Moyen-Orient.

Ou bien encore :

P. 556 : « les dômes et les toits d’Orsenna ».

L’évocation de dômes rappelle l’image de villes de l’Europe baroque (Rome, Vienne, Prague, Venise… ), où ce type de construction, civile ou religieuse, marque le paysage urbain.

Poursuivons :

P. 650 : « Le domaine d’Ortello refuse de renouveler l’engagement de nos hommes. »

Il existe une île de Torcello, au nord-est de la lagune de Venise, île à caractère rural, comptant quelques dizaines d’habitants, progressivement abandonnée au cours des siècles.

Et il s’agit même d’une République de Venise dont l’histoire est centrée sur les événements de la fin du Moyen Age et des débuts des Temps modernes (ceux-ci, par convention, allant du début du XVIe siècle à la chute de Napoléon Ier).

On le perçoit dans les passages suivants :

P. 555 : « Les succès de ses armes contre les Infidèles. »

L’Infidèle était le nom donné aux musulmans au Moyen Age. Surtout, ce nom rappelle la longue suite de guerres menées par Venise contre les Turcs du XVe au XVIIe siècle : les deux sièges de Scutari (Shkodër, en Albanais) soutenus victorieusement, en 1474 et 1478, contre des troupes turques supérieures en nombre ; le siège de Saint-Georges, capitale de l’île de Céphalonie, cette fois-ci prise d’assaut par les Vénitiens (et les Espagnols) ; la bataille de Lépante, en 1571, coup d’arrêt définitif à l’expansion ottomane en Méditerranée ; enfin, de 1683 à 1687, toutes les reconquêtes de Francesco Morosini : Pylos, Méthoni (on reviendra sur Méthoni), Argos, Nauplie, Patras, Lépante, Corinthe et Athènes, dans le cours de la guerre de la Sainte Ligue (1683-1699) menée à la suite de la victoire de Vienne de 1683 [2].

P. 576 : « … c’était un grand drapeau de soie rouge, tombant à plis rigides de toute sa longueur contre le mur : la bannière de saint Jude — l’emblème d’Orsenna — qui avait flotté à la poupe de la galère amirale lors des combats du Farghestan ».

Plusieurs remarques. D’abord, comme le dit la note de la Pléiade (p. 1370), cette « bannière de saint Jude renvoie au souvenir d’un autre drapeau qui avait flotté sur une grande victoire navale : celui de la galère amirale de don Juan d’Autriche, à la bataille de Lépante, en 1571… ». La bannière de Venise (celle de saint Marc) représente un lion d’or sur fond rouge (de même qu’est rouge, frappé d’une croix blanche, l’étendard de l’ordre de Malte, qui avait aussi participé à cette fameuse bataille de Lépante).

Ensuite, les souvenirs historiques de Julien Gracq semblent même s’être concentrés sur les XVIIe et XVIIIe siècles, quitte à emprunter leurs éléments hors de la Sérénissime :

P. 560 : « une expédition de représailles, qui parut devant la côte ennemie et bombarda ses ports sans ménagement ».

Trois épisodes historiques peuvent faire penser à cela : en 1681, la poursuite des pirates tripolitains, par Duquesne, jusque dans la rade de Chios, suivie, en 1682 et 1683, des deux bombardements d’Alger par le même Duquesne. Les trois siècles correspondent à peu près (270 ans) au laps de temps écoulé entre ces événements et la date de parution du Rivage des Syrtes (1951).

P. 562 : « Il y en a soixante-douze, m’avait confirmé le chef du département du Sud, comme on dénombre les canons d’une flotte de haut bord. »

Au XVIIIe siècle, on normalisa, durant un temps, la construction des navires de guerre, autour d’un type, celui du vaisseau à soixante-quatorze canons (deux de plus que l’allusion ci-dessus), et l’un de ces vaisseaux, construit en 1749, s’appelait… le Redoutable ! C’est-à-dire le nom de l’aviso sur lequel, dans la suite du récit, Aldo (le héros du roman) entreprendra son expédition.

Ainsi, le traître Piero Aldobrandi semble être le mélange de deux grands chefs militaires du XVIIe siècle, de l’époque de Louis XIII et des débuts de Louis XIV, également célèbres comme traîtres :

P. 645 : « C’était le portrait de Piero Aldobrandi, transfuge d’Orsenna, qui soutint contre ses forces le siège des forteresses farghiennes de Rhages […] Piero Aldobrandi, sans casque, portait la cuirasse noire, le bâton et l’écharpe rouge de commandement. »

La période où les chefs de guerre portent ces trois attributs — et où ils sont ainsi portraiturés — est le XVIIe siècle et, plus particulièrement la première moitié (au sens large), allant de l’édit de Nantes à la paix des Pyrénées, et tournant autour de la guerre de Trente Ans.

Et, de fait, on trouve nombre de portraits de chefs de guerre arborant cuirasse, écharpe et bâton de commandement, ne serait-ce que Wallenstein, le Grand Condé ou Spinola (sur le tableau de Velázquez), qui sont parmi les plus célèbres. Deux d’entre eux furent même des « traîtres » (comme l’est Piero Aldobrandi) : Wallenstein et le Grand Condé.

Wallenstein le premier, qui, lors du soulèvement de Bohême, était colonel en Moravie et passa dans le camp habsbourgeois dans un scénario digne du Far West : le 30 avril 1619, à Olmutz, il poignarda l’un de ses subordonnés, s’empara de la caisse de guerre morave, contenant 96 000 thalers, et donna l’ordre à ses troupes de rallier Vienne. La défection fut un demi-succès, les cavaliers de Thurn rattrapèrent les fantassins et les persuadèrent de faire demi-tour. Mais ils ne purent mettre la main sur Wallenstein, qui était loin devant avec ses chariots d’argent. Il fut aussi « traître » (du moins suspecté de traîtrise) lorsque, dans les années 1633-1634, il laissa ses collaborateurs, parmi lesquels Terzka et Kinsky, négocier avec le Parti protestant, y compris avec les Suédois, avec les exilés de Bohême, avec les Français.

Portrait supposé de Piero Aldobrandi

Le Grand Condé ensuite, d’une façon bien plus proche de Piero Aldobrandi, lorsque, après ses succès de Rocroi et de Lens (sur les Espagnols), il se mit au service de ces mêmes Espagnols et combattit son pays à la bataille des Dunes. Comme Aldobrandi, Condé est le représentant d’une de ces grandes familles (comme le duc de Bourbon, plus d’un siècle auparavant, mort lors du siège de Rome), qui se mirent au service de l’ennemi.

Mais, par d’autres aspects, le siège de la Seigneurie est déporté plus à l’est, dans les contrées slaves, vers Trieste ou Ljubljana, contrées où Venise exerça son influence politique et culturelle :

P. 563 : « Nous traversions maintenant le pays boisé et montueux qui ferme au sud les campagnes d’Orsenna. Le pavé romain romain pointait par places au travers de ces routes étroites... »

Si c’est une évocation de Venise, cette description ne se justifie pas : vers le sud, du côté de l’Adriatique, le pays est plat et cultivé, au moins jusqu’à Rimini. En revanche, il existe, non loin de Venise, une contrée effectivement boisée et montueuse (les forêts couvrent la moitié du territoire), la Slovénie. L’allusion à la vigne peut évoquer le vignoble de Cvicek, en direction de Zagreb. Quant à l’allusion au pavé romain que Gracq fait dans son ouvrage, elle ne peut guère être exploitée, les Romains ayant tracé des voies un peu partout dans leur empire. Néanmoins, une de ces voies allait d’Emona (nom antique de Ljubljana) à Sirmium (Stremska Mitrovica) en Serbie, au nord-ouest de Belgrade. On se dirige vers le sud-est, c’est-à-dire vers les anciens territoires ottomans : la direction est la bonne.

C’est ce que confirme cette autre évocation sur le paysage :

P. 816 : « Vers le nord, l’horizon déjà indistinct se fermait sur les hautes forêts où sinuait la frontière. »

À Ljubljana, la frontière autrichienne est à 36 kilomètres à vol d’oiseau vers le nord. De part et d’autre de la colline du château s’élèvent deux hauteurs à environ 400 mètres. La rivière Ljubljanica étant à 280 mètres, la dénivellation est donc de 120 mètres, ce qui permet, en théorie, selon les mêmes bases que ci-dessus, de voir jusqu’à la frontière — à supposer qu’il n’y ait que des plaines jusqu’à cette frontière —, ce qui n’est pas le cas. En revanche, le nord de la capitale est effectivement boisé, comme l’est un peu plus de la moitié du pays.

La mer des Syrtes et la Méditerranée

Quant à la mer des Syrtes, par maintes références, parfois éloignées de Venise, elle évoque aussi la Méditerranée. Soit par des noms :

P. 558 : « la mer des Syrtes ».

Première indication géographique, qui renvoie aux golfes de Libye et de Tunisie.

« Les Arabes envahirent la région ».

On se trouve toujours en Méditerranée, les Arabes ayant envahi la plupart des îles méditerranéennes, de la Crète aux Baléares.

Soit par l’évocation d’édifices militaires bâtis non loin de cette mer :

P. 563 : « ... passés les remparts de la vieille forteresse normande ».

En dehors de la Sicile, les Normands ont bâti des forteresses dans le sud de la péninsule italienne, à partir de l’actuelle province de Molise, riveraine de l’Adriatique, en Italie méridionale, donc précisément sur la route de villes comme Cosenza ou Potenza.

Ou de points fortifiés établis en Méditerranée, mais plutôt sur la côte du Maghreb, et davantage occupés par un pays comme l’Espagne :

P. 692 : « … le secrétaire du conseil des Présides ».

Les présides étaient des points fortifiés installés au XVIe siècle, sur la côte barbaresque ou sur des îlots à proximité de cette côte, et servant soit à surveiller les Barbaresques, soit à établir une tête de pont en vue d’une éventuelle conquête. Ceuta et Melilla, sur la côte marocaine, sont des vestiges de ces anciens présides. Leur existence signale une volonté d’hostilité à l’égard de la puissance située de l’autre côté de la mer.

Les Présides peuvent également se référer à une ville célèbre, établie tout près de la côte adriatique, c’est-à-dire sur la mer qui baigne également Venise.

P. 704 : « Maremma avait épousé Saint-Vital (la cathédrale) devant Dieu et Saint-Damase de la main gauche. »

La plus célèbre des églises appelées Saint-Vital se trouve à Ravenne, ville qui, comme Maremma, se situe au bord d’une mer jadis infestée de pirates, mer menacée par les Turcs — comme la mer des Syrtes est menacée par le Farghestan —, et occupée sur une portion notable de son pourtour par Venise, comme la mer des Syrtes est bordée par la Seigneurie d’Orsenna.

Les origines du Farghestan

Comment, maintenant, est évoqué l’Empire ottoman, qui, de façon manifeste, a servi de modèle au Farghestan, ennemi séculaire de la Seigneurie d’Orsenna, comme le furent les Ottomans de la République sérénissime ? D’abord, par des références à l’Asie centrale, berceau des Ottomans, voire à l’Asie orientale :

P. 560 : « le Farghestan, qui fait face aux territoires d’Orsen, par-delà la mer des Syrtes ».

Indication de lieux qui évoquent l’Asie centrale : Afghanistan, Kazakhstan, Kirghizstan, Pakistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan, Hayastan, Daghestan, Kurdistan, Turkestan, Tatarstan, Waziristan… La séparation opérée par la mer évoque aussi la Méditerranée, ligne de partage entre les mondes chrétien et musulman depuis le Moyen Age, lieu d’affrontements à grande échelle (croisades, poussée ottomane), mais aussi à moindre échelle (la piraterie, dont il est question quelques lignes plus loin) entre ces deux mondes.

P. 560 : « … en dernier lieu l’invasion mongole ».

Cette indication vaut moins pour la date (les invasions mongoles en Asie centrale et Europe de l’Est eurent lieu au XIIIe siècle) que pour une localisation qui indique, précisément, l’est de l’Europe et l’Asie centrale.

Ou de territoires conquis par cet Empire ottoman, comme les territoires arabes :

P. 560 : « Le raffinement extrême de l’Orient côtoie la sauvagerie des nomades. »

Évocation mêlée du monde arabe, partagé entre les splendeurs des califats et les razzias des nomades.

Ou bien, des péripéties (faites de longues périodes de déclin et de courtes périodes de regain) qui marquèrent l’histoire de l’Empire ottoman, notamment à partir du XVIIe siècle :

P. 560 : « … tantôt le pays, en proie aux dissensions, s’affaisse sur lui-même (…) tantôt une vague mystique, née dans le creux de ses déserts, fond ensemble toutes les passions, pour faire un moment du Farghestan une torche aux mains d’un conquérant ambitieux ».

Hormis la raison invoquée (la vague mystique), cette alternance entre périodes de déclin et d’expansion rappelle l’Empire ottoman à certaines de ses périodes, notamment au XVIIe siècle, à l’époque des Köprülü et de Kara Mustapha ou, plus récemment (ce que Gracq connut dans ses jeunes années), la reprise en main de la Turquie après la première guerre mondiale, par Mustapha Kemal Atatürk.

Ou bien encore, plus poétiquement, comme un univers lointain, tel que pouvaient se le représenter les voyageurs du Moyen Age ou des Temps modernes, tels que Marco Polo, Ruysbroeck ou Jean de Plan Carpin :

P. 577 : « … s’étendaient les espaces inconnus du Farghestan, serrés comme une Terre sainte à l’ombre du volcan Tängri, ses ports de Rhages et de Trangées, et sa ceinture de villes, dont les syllabes obsédantes nouaient, en guirlandes, leurs anneaux à travers ma mémoire : Gerrha, Myrphée, Urgasonte, Amicto, Salmanoé, Dyrceta ».

Aux notes correspondantes, p. 1371 et 1372, le rédacteur donne des interprétations possibles de ces noms, sauf pour « Urgasonte » et « Trangées », ce dernier nom étant considéré comme une invention de Gracq. Essayons d’en proposer une interprétation.

Pour « Urgasonte », on peut à la fois considérer la première syllabe « ur » et les deux dernières « onte ». Le « ur » évoque à la fois une très ancienne ville de Mésopotamie, et, en allemand, un préfixe signifiant « très vieux » : uralt, vieux comme le monde ; Ureltern, ancêtres ; Urvater, premier père, etc. Dans les Lettrines (p. 186 du tome II de la Pléiade), Gracq évoque l’Urwald à propos d’une forêt située sur la route de Lacaune (Tarn), à Saint-Pons-de-Thomières (Hérault). Il l’évoque pour décrire une forêt obscure, étouffante, mortuaire.

Les deux dernières syllabes en « onte » évoquent, tout à la fois, Sélinonte (ville du sud de la Sicile, colonie de Mégare, comme Byzance), non loin de Marsala évoquée plus haut, et également Pessinonte, ville de Galatie (c’est-à-dire d’Asie mineure, actuellement Turquie et, jusqu’en 1918, centre principal du peuplement ottoman). On retombe bien chez « l’ennemi héréditaire » suggéré.

Pour « Trangées », le « tran », peut évoquer un « trans », c’est-à-dire un « au-delà de », comme Transdanubie, Transleithanie, Transbaïkalie, c’est-à-dire quelque chose de lointain par rapport au lieu d’où écrit le scripteur, considéré comme référence. Quant au « gées » final, il peut évoquer le  terre », en grec], qui entre dans la composition d’apogée, périgée, hypogée, etc., et qu’on pourrait interpréter, ici, comme « au-delà de la Terre », autrement dit, très loin.

Les affrontements entre l’Empire ottoman et le monde chrétien, toutefois, n’eurent pas seulement lieu en Méditerranée (avec Venise, l’Espagne ou l’ordre de Malte comme principaux belligérants). Ils se déroulèrent également en Europe centrale et balkanique (avec la maison de Habsbourg et le Saint Empire comme belligérants), comme évoqué dans les passages suivants :

P. 555 : « la maison des champs au bord de la Zenta ».

Zenta est également le nom d’une ville de Serbie, riveraine de la Tisza (affluent du Danube), près de laquelle, le 11 septembre 1697, le prince Eugène de Savoie (général autrichien d’origine italienne) écrasa l’armée turque du grand vizir Ali Köprülü, qui y trouva la mort. Indirectement, on retrouve donc l’Italie (à travers l’évocation du prince Eugène) et l’ennemi inexpiable (Farghestan / Turquie) à travers l’évocation de cette bataille.

P. 570 : « Vers le large, un chenal bordé de vasières grises sinuait entre les étendues de joncs et accédait à la mer libre par un pertuis entretenu à travers la flèche des lagunes. »

Le chenal et les vasières peuvent évoquer un lieu totalement différent, celui du lac de Neusiedl, situé à la frontière entre l’Autriche et la Hongrie. Ce lac, long de 36 kilomètres du nord au sud, et large de 6 à 12 kilomètres d’est en ouest, très peu profond (1,80 mètre), est presque totalement entouré de roseaux. À l’est, avec le Seewinkel (portion de l’Autriche enserrée entre la Hongrie et le lac), il ouvre sur la plaine hongroise. Par deux fois, il s’est trouvé dans une zone frontière. Une première fois lors de la période de l’occupation ottomane de la Hongrie (1526-1699), une seconde fois lors de la partition en deux de l’Europe à l’époque communiste (1947-1991). Les habitants de la rive occidentale du lac (à Rust ou à Mörbisch) pouvaient donc, à cette époque, sentir une menace diffuse émanant de l’est. Qui se concrétisa à plusieurs reprises à l’époque ottomane.

P. 571 : « Le surplus [des équipages] se disséminait ordinairement dans les rares fermes fortifiées qui subsistent dans l’arrière-pays des Syrtes. »

Ce statut hybride des soldats, employés à des tâches agricoles, lorsque la pression de l’ennemi ne s’exerçait pas, rappelle les confins militaires institués par les Habsbourg dans la zone frontalière avec l’Empire ottoman. Ces zones étaient peuplées de Serbes qui, en échange de concessions de terres par l’empereur, s’engageaient à prendre les armes en cas d’incursion ottomane. Cela donne une raison de plus de situer l’action du rivage des Syrtes « quelque part » dans la péninsule balkanique ou sur ses marges.

On peut maintenant, en situant Orsenna, la capitale de la Seigneurie, soit à Venise, soit à Ljubljana, essayer de localiser l’Amirauté, sur le rivage des Syrtes, puis, de là, l’île de Vezzano, le Tängri et la ville de Rhages, capitale du Farghestan.

L’itinéraire d’Aldo

La première question est celle de la distance parcourue entre la capitale et l’Amirauté, qui devrait nous fournir un point d’aboutissement.

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Vue de l’Amirauté (d’après un croquis du XIXe siècle)

Mais, d’abord, cette distance, avec quel véhicule est-elle parcourue ? Est-ce un de ces engins « à propulsion secrète » [3] dont Gracq évoque, avec humour, l’existence dans la fiche signalétique de ses personnages ? Même si le roman se présente comme une uchronie, où, précisément, les détails techniques sont bannis, rien ne contredit l’idée que la date de l’action ait pu être contemporaine de son écriture en 1951. Le véhicule, qui transporte Aldo de la capitale d’Orsenna à la base navale des Syrtes, pourrait ainsi être une automobile se déplaçant sur des routes carrossables.

Pendant combien de temps cette automobile roule-t-elle ? Le départ a lieu « au petit matin » (p. 559) d’une journée d’automne, comme on le découvre plus loin, « dans l’air doré de cette fin d’automne » (p. 572). Prenons le lever du soleil, le plus près possible de l’équinoxe d’automne, qui a lieu, à Ljubljana, un peu avant 7 heures (c’est à peu près la même chose pour Venise). Aldo roule toute la journée, puisqu’il dit : « La nuit monta de l’est et s’éleva sur nous comme un ciel d’orage » (p. 564). Il roule également toute la nuit, puisqu’il poursuit : « J’attendais le matin, offert déjà de tous mes yeux aveugles… » (p. 565 ), et ce matin survient, puisqu’il dit : « Il se leva derrière la broussaille pluvieuse… » À ce moment du récit, il a roulé à peu près vingt-quatre heures, et, apparemment, sans arrêt notable. Ensuite, il précise : « Nous roulâmes de longues heures… » (p. 566). Mais que sont, au juste, de longues heures ? Il arrive à l’Amirauté, est accueilli par Marino, qui lui fait visiter la forteresse et, déjà, la nuit tombe. Plaçons-nous le même jour : le soleil se couche vers 19 heures. Supposons que le ciel s’assombrisse vers 18 heures, plaçons deux heures de prise de contact et de visite. Aldo serait donc arrivé vers les 16 heures, donc aurait effectué un parcours de trente-trois heures.

Quelle distance couvre-t-on en trente-trois heures ? Plutôt que d’essayer d’imaginer une vitesse moyenne, avec des arrêts, prenons le problème dans l’autre sens : fixons des points d’aboutissement et voyons comment cela « colle » avec diverses hypothèses que l’on examinera par la suite.

Premier point d’aboutissement :

En partant de Venise, une arrivée à Marsala, à la pointe occidentale de la Sicile, distance : 1 700 kilomètres. En passant par Padoue, Ferrare, Bologne, Florence, Sienne, Rome, Naples, Salerne, Cosenza, Reggio et Palerme. Imaginons un total de pauses de cinq heures (repas, détente des jambes, refroidissement du moteur, reprise de carburant), le trajet serait de vingt-huit heures et la vitesse moyenne d’à peu près 60 kilomètres/heure.

Pourquoi Marsala ? Parce que c’est la pointe quasi continentale de l’Europe la plus proche de l’Infidèle (en l’occurrence le cap Bon, en Tunisie, et que cette zone, en particulier au XVIe siècle — expédition de Charles Quint contre Tunis, siège de Malte — fut l’un des lieux d’affrontements privilégiés entre chrétienté et islam).

Cette hypothèse a, en sa faveur (peut-être pour brouiller les pistes ?), la notation suivante :

P. 563 : « Nous atteignîmes Mercanza. »

Il n’y a pas de ville italienne de ce nom. En revanche, il existe une Cosenza en Calabre, une Faenza en Emilie-Romagne (près de Ravenne), une Potenza dans le Basilicate. Ces trois villes (recensées sur un site de villes de plus de 25 000 habitants, donc susceptibles d’éveiller une image dans l’esprit) sont toutes les trois situées au sud de Venise, et même, pour Cosenza et Potenza, très au sud. Faenza, quant à elle, est située à 200 kilomètres de Venise. Elle peut avoir inspiré le nom de Mercanza, en tant qu’elle trouve sa place sur un itinéraire de Venise à Marsala et qu’Aldo l’atteint dans la première partie de son voyage

Cette première hypothèse ne semble pas devoir être retenue, en ce que le trajet jusqu’au continent africain est trop court, comme on le verra plus loin, pour « coller » avec la durée du trajet du Redoutable.

Deuxième point d’aboutissement :

En partant de Ljubljana, une arrivée à Méthoni à la pointe ouest du Péloponnèse, distance 1 914 kilomètres. Cette distance, toutefois, a été allongée, en ce qu’elle ne suit pas toujours la côte (notamment en Albanie et en Epire grecque) et qu’elle passe à travers des montagnes (d’où de nombreux lacets). Dans l’hypothèse d’une route longeant la côte dans un pays plat, cette distance se rapproche de la précédente. Auquel cas, on retombe sur la même vitesse.

Pourquoi Méthoni ? Parce que c’était, à l’entrée de la mer Ionienne (et, plus loin, de l’Adriatique), un des points d’observation de la circulation des navires à Venise — à l’époque où ceux-ci ne s’écartaient guère de la côte —, point qui faisait partie d’une chaîne, s’alignant sur la bordure balkanique de l’Adriatique, et qu’il y a là un ancien fort vénitien, qui évoque l’Amirauté. Autre explication : en traversant la mer Ionienne, presque à la même latitude, on trouve en face le mont Etna, non loin de la mer, dont la situation n’est pas loin d’évoquer celle du Tängri.

Cette deuxième hypothèse a, pour elle, deux éléments séduisants : d’une part, la situation de Méthoni, l’un des yeux de la Sérénissime (comme l’Amirauté) ; d’autre part, la présence, de l’autre côté de la mer, d’un grand volcan, l’Etna, avec une grande ville portuaire à son pied (Catane), qui peut très bien évoquer Rhages.

Distance entre la côte d’Orsenna et la côte farghienne

Cette distance se réfère à la largeur de la mer des Syrtes. Elle nous donnera une idée de la localisation de Rhages, capitale du Farghestan. De quels éléments pouvons-nous disposer pour effectuer cette évaluation ?

 1. La durée du parcours de la terre ferme d’Orsenna à l’île de Vezzano.

 2. La durée du parcours de l’île de Vezzano à Rhages, capitale du Farghestan.

 3. La vitesse du Redoutable, qui nous permet de déduire la largeur de la mer des Syrtes.

Tout ce parcours est supposé être effectué en ligne droite, ce que confirme d’ailleurs le récit, qui ne mentionne pas de changement de direction à partir du moment où le navire a viré au droit de Maremma.

Distance de la terre ferme à Vezzano

Sur cette distance, le récit de Gracq est contradictoire. L’auteur dit, en effet, p. 677 : « Au temps où la piraterie battait son plein dans ces parages, Vezzano avait joué, pour les écumeurs de mer, le rôle d’un port d’attache et d’un entrepôt fortifié (…) La proximité du continent l’avait servi encore davantage en permettant d’acheminer, de nuit, sur de simples barques, les marchandises jusqu’aux grèves d’échouage de la côte. »

Cet extrait inviterait donc à imaginer une proximité du littoral, telle qu’on puisse se rendre en barque de Vezzano au continent sans être chahuté par la houle. L’île de Sapientza, au large de Méthoni (qui cadrerait avec la deuxième hypothèse), est à 1,5 kilomètre du rivage. L’île de Schiza, sa voisine, à 3,5 kilomètres. C’est le maximum qu’on puisse imaginer pour effectuer un trajet en barque lorsqu’on n’est pas couvert des vents du large et de la houle par une grande île, comme le sont les îles grecques du Dodécanèse (Vezzano est censé être un « îlot minuscule »).

Mais, d’autre part, les deux passages où est évoqué le trajet du continent à Maremma offrent une tout autre interprétation. Lorsqu’Aldo rejoint Vanessa à Maremma pour l’escapade à Vezzano (p. 668 à 686), on se trouve au matin, sans doute en automne (ce qu’évoque ce passage : « Le calme des plaines grises, toujours moites de brume au matin, ressemblait à ces aubes d’été languides… », confirmé par cet autre détail : « La chaleur ambrée et plus recueillie de l’arrière-automne » [p. 679], et chapitre suivant, qui se situe à Noël). Imaginons une arrivée d’Aldo vers 8 h 30 ou 9 heures. Le départ pourrait se situer vers 9 h 30 ou 10 heures. La traversée doit prendre au moins plusieurs heures pour justifier les moments d’abandon et de rêverie des p. 679-680. Combien d’heures ? On ne le sait pas avec précision. Il faut se reporter à la seconde expédition vers Vezzano, celle qui dépasse l’île, pour aller vers Rhages.

La croisière avec le Redoutable a lieu le surlendemain de Noël. Le lendemain, Aldo part dans le domaine d’Ortello et il revient lorsque « le soleil baissait déjà ». Si on situe Maremma dans le sud des Balkans (voire en Grèce), le coucher du soleil, le 26 décembre, est à 17 h 12 à Athènes. Le soleil qui « baisse déjà » (p. 722) peut être évalué une heure auparavant. Admettons que la « longue course » pour aller de l’Amirauté à Ortello représente une heure trente de trajet. Au pas d’un cheval, cela fait un trajet d’une dizaine de kilomètres. Aldo revient donc vers 17 h 40 ou 17 h 45. Imaginons le repas une heure plus tard : 18 h 45 et accordons-lui une demi-heure (les militaires ne traînent pas et le repas est silencieux). Comptons encore deux heures avant le départ effectif : 21 h 15 ou 21 h 30 au plus tard. Compte tenu du temps mis à franchir les passes, comptons encore une heure trente — bien pesée — avant que le Redoutable n’arrive à la hauteur de Maremma (jusqu’à ce moment, il longe la côte peut-être à 500 ou 1 000 mètres). Vers 23 heures, il pique vers la haute mer.

Vers quelle heure arrive-t-il à la hauteur de Vezzano ? On a une indication, lorsqu’Aldo dit : « Je vis se découper faiblement sur l’horizon une haute dent noire : nous étions en vue de Vezzano » (p. 731). À Athènes, le 26 décembre, le soleil se lève à 7 h 39. Là encore, supposons un début de lueur trois quarts d’heure auparavant (pour distinguer l’île au loin) et un passage au droit de l’île vers le lever du soleil (il est dit que « les cris des oiseaux de mer, volant toujours en nuées épaisses autour de Vezzano, creusaient l’aube… » (p. 732)). L’aube étant le moment de la journée qui précède juste le lever du soleil, l’arrivée vers Vezzano se situe vers 7 h 30. Le Redoutable a donc navigué, perpendiculairement à la côte d’Orsenna, durant huit heures et demie.

Distance de Vezzano à Rhages

Combien de temps dure le reste de ce trajet ? Après avoir doublé Vezzano, le Redoutable poursuit sa route toute la journée. Il est question de « la nuit tombante » (p. 739). Puis, on apprend que « le bateau fonçait maintenant dans la nuit épaisse » (p. 740). Puis, quelques lignes plus loin, toujours à la p. 740, Fabrizio, l’un des officiers compagnons d’Aldo, dit « deux heures encore ». Rassemblons ces éléments.

À la latitude d’Athènes (en supposant une identification Amirauté/Méthoni), le soleil se couche vers 17 h 13. Si entre l’évocation de « la nuit tombante » et celle du bateau qui « fonçait maintenant dans la nuit épaisse », il s’est écoulé environ une heure trente, Fabrizio fait sa réflexion vers 18 h 43. Arrondissons à 19 heures. Les deux heures supplémentaires nous amènent à 21 heures. Donc, depuis l’île de Vezzano, le navire a navigué douze heures et demie, soit, depuis le départ de la côte d’Orsenna, au droit de Maremma, un total de vingt-deux heures.

Distance de Maremma à Rhages

Si on admet que Le Rivage des Syrtes, paru en 1951, a été conçu dans les années d’après-guerre et qu’il témoigne donc, implicitement, de la technologie de cette époque, les avisos construits avant la guerre (et qui ont continué à naviguer jusque dans les années 1950) filaient à la vitesse de 15 à 17 nœuds. Prenons 16 comme moyenne. La distance franchie (ou la largeur de la mer des Syrtes) serait donc de 16 x 22 = 352 miles, soit 648 kilomètres.

À quoi correspond cette distance ?

À partir de Méthoni, en allant vers l’ouest, cette distance nous mène environ aux environs de Catane, qui peut représenter Rhages, l’Etna figurant le Tängri est. À vol d’oiseau, la mer Ionienne est, ici, large d’environ 625 kilomètres. L’ordre de grandeur correspond, mais la direction, symboliquement, est à l’opposé de celle d’où (si l’on identifie la Seigneurie à Venise et le Farghestan à l’Empire ottoman) surgirait l’ennemi, c’est-à-dire l’est.

Toujours à partir de Méthoni, en allant vers le sud, cette distance — certes pas uniquement en ligne droite — nous mène au sud de Benghazi, ce qui, symboliquement, correspond à deux égards. D’abord, parce qu’il s’agit du côté des Barbaresques (que combattit Venise) qui, nominalement, appartint à l’Empire ottoman, ensuite, parce que cette portion de côte de l’Afrique du Nord s’appelle… le golfe de Syrte.

En imaginant donc une rotation de 90° de Catane et de l’Etna en direction du sud, on aurait un très présentable Farghestan, séparé de la Seigneurie d’Orsenna par toute la largeur symbolique de la Méditerranée, mer limite de l’affrontement séculaire entre islam et chrétienté.

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Représentation des résultats de « l’enquête littéraire »
Cartographie : Philippe Arnaud

Mais cette rotation n’appartient-elle pas à la fantaisie de tout auteur, et singulièrement de Julien Gracq, qui a si poétiquement transposé la forêt des Ardennes dans Un balcon en forêt ou la presqu’île de Guérande dans La Presqu’île ?

À la fin du roman, un détail confirmerait cette localisation du Farghestan au sud :

P. 836 et 837 : « La pièce était un rapport de police en provenance d’Engaddi, une misérable bourgade de l’intérieur des Syrtes qui ravitaillait les caravaniers de l’extrême sud. Le rapport était bref et précis. Il signalait qu’une caravane venant d’arriver à Engaddi avait eu contact au point d’eau de Sarepta démonté de nomades ghazanides (…) une armée farghienne d’un effectif mal déterminé, mais "nombreuse", les suivait à quelques étapes, contournant la mer des Syrtes par l’est en direction de la frontière. »

Comme le précise la note de la p. 1381, Engaddi évoque l’Ein Gedi, localité juive de la rive occidentale de la mer Morte ; Sarepta, un port de l’Antiquité situé entre Sidon et Tyr ; et les Ghazanides ou Ghaznavides, une dynastie qui régna sur l’Afghanistan et une partie de l’Inde du Xe au XIIe siècle.

Le contournement de la mer des Syrtes « par l’est » laisse supposer que la majeure partie du Farghestan est située au sud par rapport à la Seigneurie d’Orsenna — comme le monde musulman —, donc au sud de la Méditerranée. Un contournement par l’est peut évoquer un départ de l’Afrique du Nord orientale (Libye et Egypte) pour une attaque passant par la Palestine et la Syrie, puis l’Asie mineure, franchirait les Balkans, pour s’en prendre aux possessions chrétiennes d’Europe centrale. Comme le firent les Ottomans pour Vienne en 1529 et 1683.

Pour aller plus loin

Les Œuvres complètes de Julien Gracq ont été publiées par José Corti (60, rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris). Ces œuvres ont aussi été publiées dans la Pléiade (Gallimard), en deux tomes, et l’édition en a été assurée par Bernhild Boie. La bibliothèque universitaire d’Angers abrite le fonds Julien Gracq.

Sur Julien Gracq, signalons :

 Les Cahiers de L’Herne, « Julien Gracq », 1972.

 La Revue 303 (publication d’une association de la région Pays de Loire), « Julien Gracq », 2006.

Enfin, pour les mal-voyants ou ceux ou celles qui veulent se cultiver ou rêver tout en conduisant, il existe des livres audio :

— Un balcon en forêt et Le Rivage des Syrtes, livres audio publiés par Autrement dit, 2007 et 2009.

— Des textes lus par Julien Gracq, livre audio intitulé Œuvres, publié par Des femmes.

— Au château d’Argol, livre audio publié par Brumes de mars.

— « Julien Gracq, un écrivain-géographe : des mots et des paysages » par Daniel Oster sur le site des « Cafés géographiques ».